Celtia Brigantia

Venons-en maintenant à la Musique chez les Gaulois-Celtes-Germains.

Dans ce domaine de recherche artistique-archéologique-scientifique, il faut avouer que même après avoir mis au jour de nombreuses tombes gauloises-celtes, nous n’avons pas trouvé d’artefacts ni de preuves pertinents et flagrants concernant les instruments de musique employés sous la période celtique. Nous avons trouvé encore moins des traces de musique écrite et pour cause…

La seule comparaison, le seul rapprochement possibles sont ceux auxquelles nous pouvons penser: la musique employée (nous pouvons le supposer) au temps du Néolithique et au temps de la Grèce Antique. Nous en reparlerons plus loin dans le texte.

1. Les instruments à cordes:

  •     La lyre gauloise: la seule représentation connue d’une lyre gauloise se trouve sur la stèle de Paule (Côtes d’Armor). Elle est datée des environs du deuxième siècle avant notre ère. Cette stèle représente un personnage, certainement un barde gaulois identifiable à son torque et portant sa lyre contre son torse. Des tentatives de reconstitutions ont vu le jour depuis sa découverte. On a ainsi obtenu une lyre/cithare à chevalet (oblique ou pas) possédant jusqu’à quinze cordes et se rapprochant de la kithara grecque ou des grandes lyres du Proche-Orient. Les plus anciennes représentations mésopotamiennes et mycéniennes remontent à 3000 av_J.C, ce qui laisse songeur sur les possibilités d’évolution de la lutherie au cours des millénaires suivants… Etant donné la maîtrise des Celtes dans les domaines de la métallurgie, de l’orfèvrerie, du charronnage etc, il serait peu probable qu’ils n’aient su fabriquer (facteurs) des instruments raffinés, de tailles plus ou moins importantes, aux sonorités puissantes, à l’instar de tous les peuples qu’ils ont côtoyé, dans la mesure où effectivement les Celtes portaient un intérêt au moins aussi important à la musique que les autres peuples de l’Antiquité. Mais tout cela reste encore à prouver et à définir…

Le khélys est une lyre dont la caisse de résonance est faite d’une carapace de tortue.

Un aède est, en Grèce antique, un artiste qui chante des épopées en  s’accompagnant d’un instrument de musique, la phorminx, s’apparentant au sitar. Il se distingue du rhapsode, plus tardif, en ce qu’il compose ses propres oeuvres. De ce fait, il est l’équivalent d’un Barde celte. Le plus célèbre des aèdes est Homère.  

2. Les instruments à vent:

La syrinx: les instruments à vent sont très anciens, les premiers remontent au Paléolithique, aux environs de – 20000. Découverts sur différents sites archéologiques européens, ces sifflets et ces flûtes rudimentaires ont été fabriqués à l’aide d’os d’oiseaux, de cervidés, d’animaux domestiques…Avec l’apparition de la céramique, au Néolithique (- 5000/- 2500) puis au Chalcolithique (- 2500/- 2300), l’usage des flûtes, des sifflets et des trompes en terre va se développer, mais l’utilisation de matériaux tels que l’os ainsi que les bois à coeur tendre comme le sureau, vont permettre la fabrication, sans grande difficulté, d’instruments à vent. Selon l’organologie (étude des instruments de musique), la syrinx (flûte de Pan), qui va être utilisée par les Grecs, les Romains et les Gaulois, est très ancienne. Son apparition est antérieure à l’Age du Bronze…

Syrinx est une nymphe de la mythologie grecque. Fuyant les attentions du dieu Pan, elle se transforma en roseaux. Pour se consoler, Pan coupa quelques roseaux et les colla ensemble avec de la cire d’abeille, fabriquant ainsi la première flûte de Pan appelée aussi « syrinx ».

  • Le chalumeau: les premiers chalumeaux à anches simples et à anches doubles du Néolithique, ancêtres du hautbois et se jouant en simple ou double, vont se développer durant l’Antiquité sous la forme de l’aulos grec puis de la tibia (os de la jambe) romaine qui deviendra, sous l’époque impériale romaine, un instrument complexe avec des viroles jouant le rôle des clefs de nos instruments modernes.

Le tibicen est le joueur de tibia. On les employait sans cesse dans les fêtes et les solennités religieuses. Les tibicina étaient en général des filles qui se louaient pour jouer dans les dîners et les réunions de plaisir. Quant à l’aulète, c’était le joueur d’aulos qui employait la phorbéia pour protéger ses joues, afin de contenir la pression exercée par le souffle.

  • Le carnyx (carnynx): à l’Age de Bronze (- 2300/- 800), puis à l’Age du Fer (-800), de nouveaux instruments vont voir le jour. Ce sont les trompettes et les cors en métal. Ils sont fabriqués à la cire perdue ou en tôle de bronze et sont les ancêtres directs de nos cuivres modernes. Les lures nordiques ou les carnyx des Celtes en sont les plus belles représentations.

3. Les instruments à percussion:

  • Le sistre: certaines découvertes archéologiques plus récentes importantes d’instruments en bronze très bien conservés ainsi que de nombreuses représentations de musiciens en action permettent aujourd’hui de mieux comprendre leur utilisation. Parmi ces percussions, si les tambours sur cadre à peaux animales (tympanum) en matériaux périssables n’ont pu être mis au jour durant les fouilles, inversement, les sistres (sistrum), les cloches (tintinnabulum), les cymbales en bronze (cymbalum), ont suscité l’émotion de bien des archéomusicologues lors de leurs découvertes. Plusieurs facteurs d’instruments et artisans bronziers se sont essayés à reproduire ces instruments antiques afin qu’ils puissent être utilisés par des musiciens/démonstrateurs soucieux de présenter au grand public ces reconstitutions d’instruments aux sonorités d’un autre âge et pourtant parfois si familières… Le sistre, cet instrument cliquetant, existe dans de nombreuses civilisations. Les Scythes, les Celtes l’utilisaient, mais c’est en Egypte ancienne qu’il est le plus représenté. Dédié au culte d’Isis, de Bastet et d’Hathor, on représente souvent ces déesses tenant le sistre dans la main. Le plus souvent utilisé au temple par les femmes-prêtresses, dans le cadre de rituels comprenant des chants et des danses en l’honneur de la déesse Hathor, on le retrouve également associé à d’autres symboles sacrés: le chat de la déesse Bastet, les uraeus, la figure du dieu Bès ou un naos… Tout naturellement introduit par le culte égyptien, les objets rituels, tels que le sistre, se sont répandus dans la péninsule italique, qui, en les assimilant va produire des sistres locaux typiques au monde romain tel celui de Pompeï.
  • Le scabellum: instrument dont on connaît la version grecque sous le nom de kroupeza, est organologiquement l’ancêtre de notre « charleston », élément de batterie moderne. Cet instrument bien connu par les sources iconographiques est représenté à partir du IIème s av._J.C. Cet instrument consiste en deux épaisses semelles de bois reliées par une charnière (en cuir ou autre) entre lesquelles est fixée une paire de cymbalettes de bronze. Le musicien, par un mouvement de pied, faisait tinter les petites cymbales, pouvant ainsi marquer la mesure tout au long des pièces musicales…Cet instrument rythmique, s’utilisant de façon fixe, était joué par les fameux scabillarii (joueurs de scabellum), organisés en corporations relatées dans les sources épigraphiques. Les scabillarii étaient nécessairement des tibicines (joueur de tibia) accompagnant les spectacles de danse ou les pantomimes.

Mais sous les Celtes, il était pratiquement certain que ceux-ci employaient des instruments du même type.

4. Essais sur la Musique possible Celtique:

  • Ces essais correspondent à une présentation des instruments de musique « possibles » et retrouvés couvrant une période allant du Néolithique à la période Celtique selon l’organologie et les découvertes archéologiques.
  • Véritable retour aux temps de nos Ancêtres afin de réaliser des expériences sur les sonorités d’instruments correspondant à leur époque.
  • Comment utiliser les instruments
  • Fonctions et statuts des bardes-musiciens
  • La démonstration, étant effectuée de manière parfois « reconstituée », théâtralisée et agrémentée de contes et de récits mythologiques, d’anecdotes, d’essais par les enfants et les grandes personnes…

5. Atelier didactique de fabrication, de « lutherie »:

  • Il s’agit pour les enfants d’essayer de fabriquer leurs propres instruments. Cette expérience est très facile à aborder par des enfants.
  • 3 points importants sont nécessaires pour réaliser au mieux ce genre d’expérience didactique:

 

  1. la réalisation matérielle
  2. la cohérence historique
  3. la facilité d’usage

Il est nécessaire naturellement de trouver et de fabriquer des instruments pouvant répondre à ces critères: la crusmata, la syrinx, la sorte d’aulos, la sorte de flûte droite

L’expérience didactique est possible dès l’âge de 7 ans.

6. Mais c’est quoi, c’est qui un « barde Gaulois-Celte »?

Les auteurs anciens, qui ont côtoyé les Celtes, présentent  le « barde » comme un personnage important qui chante les louanges des princes celtes (évoquant leur naissance, leur courage, leurs victoires, leur richesse… la beauté de Mère Nature…) ainsi que les satires et les blâmes à leur encontre, en s’accompagnant de la lyre, de la sorte qu’il fait et défait leur réputation. L’appellation de « barde » vient du gaulois « bardos« , « celui qui fait des louanges ».

Ces personnages appartenaient à la classe sacerdotale des druides qui était, selon Diodore de Sicile et Strabon, constituée de trois corps bien distincts auxquels étaient rattachées fonctions et attributions.

Les Druides: religion, justice, enseignement, science de la Nature, philosophie.

Les Vates: divination, art augural, sacrifice, interprétation de la Nature.

Les Bardes: louange, satire, arbitrage, chant, contes, poésie, musique.

Selon de nombreux historiens, le nom druis « le très savant » serait un terme générique propre à nommer l’ensemble du clergé des Celtes de l’Antiquité. Jules CESAR ne mentionne que les Druides, soit par omission volontaire, généralisation ou ce qui semble le moins probable, par le fait que les autres spécialisations de la classe sacerdotale auraient disparu à l’époque de la Guerre des Gaules.

Il est important d’affirmer que chez les Gaulois, comme chez tous les peuples de l’Antiquité, la musique et le chant sont l’expression du sacré et que ces arts devaient être indissociables des rites religieux.

Malheureusement, bien que de nombreux chercheurs se soient penchés sur ce domaine, l’essentiel de la mythologie et des traditions religieuses des Celtes demeurent encore un mystère et pour cause, les Gaulois comme les autres Celtes véhiculaient leur savoir, leurs récits et leurs mythes oralement.

L’ancienne littérature d’Irlande, bien que plus tardive, en tout cas dans sa forme écrite par les moines chrétiens du Haut Moyen Age, nous renseigne toutefois sur la classe sacerdotale d’une société révélant une conception qui était probablement celle de l’Europe Celtique du second Age de Fer (- 480/- 50 av.- J.C.)

Sur certains points, on peut comparer la discipline des Bardes avec celle des aèdes grecs ou encore des skaïdes scandinaves.