Ce qu’est la marne

La marne est une roche sédimentaire, mélange de calcite et d’argile dans des proportions à peu près équivalentes parfois. Le mot « marne » et ses dérivés « marner, marnage, marnière », proviennent d’un gaulois « marna » ou « margila ». Le mot « marne » est attesté pour la première fois, sous cette forme en français, en 1287. L’origine gauloise du terme est attestée par Pline qui cite les mots composés: « glisomarga » et « acaunomarga« . Les marnes datées du Toarcien sont souvent riches en fossiles (gros ou petits animaux) marins pyriteux.

Depuis l’âge du bronze, dès que les outils en métal furent inventés et connus, on extrait la marne sous forme de blocs de pierre à destination de la construction. On retrouve ce matériau abondant, facile à extraire et à façonner dans nombre de bâtiments anciens modestes ou prestigieux. Avec l’épuisement des carrières en marne de qualité, la faible dureté du matériau et sa mauvaise résistance conduiront à un abandon progressif de cet usage. Les derniers gisements de marnes de qualité sont donc réservés à la restauration.

La marne et la chaux broyées étaient utilisées dès l’époque gauloise pour l’amendement des sols acides, par exemple par les Pictons du Poitou comme l’indique Pline l’Ancien au Ier siècle de notre ère. Cet usage perdure encore aujourd’hui, quoique plus anecdotique (élaboration de mortier, ciment…)

A l’époque, enlever d’importantes couches de terre végétale était impossible; on commença donc à extraire là où la marne affleurait et on poursuivit en creusant des réseaux de galeries. A notre époque, la marne est extraite dans de gigantesques carrières à ciel ouvert, généralement proches de la cimenterie où elle est transformée en ciment.

Les anciennes marnières étaient souvent souterraines et disséminées (extraction au plus près, pour limiter le transport). Après usage elles ont été rebouchées, leurs emplacements étant seulement repérés par des arbres. Au fil du temps (et des remembrements), ces arbres généralement isolés au milieu des champs ont disparu et la mémoire du site avec eux.

  • Le marnage: c’est une technique agricole consistant à rendre un sol plus calcaire en y ajoutant de la marne. Ceci permettait de remonter le pH des sols acides et de les rendre plus propices à l’activité agricole. La craie dont il est question ici, affleure sur de vastes superficies du bassin londonien et du bassin parisien (Marne). Il s’agit donc de carbonate de calcium presque pur, associé à une petite quantité d’argile. Cette roche s’est formée par accumulation de micro-organismes marins, de coquillages… L’exploitation de la craie saine, à l’époque des Celtes, nécessitait le creusement de puits parfois profonds – jusqu’à 100 pieds de profondeur (Pline), soit près de 30 mètres – permettant d’accéder à des veines plus profondes, où la roche était saine.
  • Le principe de cette exploitation est simple. Le puits est creusé au travers des roches meubles, instables (loess, argiles à silex et craie altérée). Dans les roches les plus meubles, un étayage en bois était nécessaire pour garantir la stabilité des parois et éviter que le puits ne s’effondre sur lui-même. Ayant atteint la roche saine, l’étayage n’était plus franchement nécessaire. La progression de l’exploitation se faisait latéralement, depuis le fond du puits. Mais il ne faut pas systématiser la technique d’extraction décrite par Pline car certains affleurements de craie ne nécessitaient certainement pas la présence de puits (falaises de craie dominant la Manche, les nombreux escarpements de la vallée de la Seine et de la Marne où des carrières à ciel ouvert et galeries latérales suffisaient amplement. Il en est de même en Wallonie avec le Bassin de Mons, la Région de Maastrich avec près de chez nous le territoire d’Eben-Emael/Bassenge, et le plateau calcaire vers Wéris.