De La Tène moyenne et finale à l’époque romaine: l’organisation de la production

Tout le monde s’accorde à reconnaître qu’avec l’arrivée des Romains, partout la production change d’échelle. C’est particulièrement vrai pour les métaux. Un tel effet repose sur deux causes: l’accroissement de la demande consécutive à l’agrandissement de l’Empire, la mise en place d’une organisation qui réponde à cette demande. Avec Rome, nous passons à l' »économie du monde », à une civilisation de consommation, à un ordre mondial…qui aboutira à ce que nous vivons aujourd’hui, et ce passage se marque par une « organisation » et une « rationalisation » accrues qui a fabriqué des « moutons », des « consommateurs »…En Gaule, la production métallique y est totalement soumise. Très vite, les formes d’exploitation typiquement romaines s’imposent dans ce domaine. Le pouvoir romain arrive en Gaule, riche d’une expérience acquise dans les provinces antérieurement conquises et dont la richesse en métal était un des atouts, principalement la Macédoine et l’Ibérie. Les choses ne traînent pas. En entrant dans le cadre des cités, les peuples gaulois perdent aussi leur autonomie. Le pouvoir romain tranche et coupe…Mais il faut ouvrir les yeux aujourd’hui! Ne voyons-nous pas que depuis un certain « Traité de Rome », l’UE a pour but de continuer ce qu’a commencé un certain Jules? Mais « les mouton », les « esclaves », les « endormis » par le travail, la drogue, les médicaments, les média…continuent de rêver…le plan, établi de longue date, se répand partout autour de nous, comme une immense épidémie…Notre société est en train de mourir…avec le climat de notre Terre-Mère…

Ainsi l’abandon des mines d’or du Limousin ainsi que celles situées jusqu’en Belgae, coïncident avec la conquête « des » Gaules. Certaines interprétations illustrent le changement de perspective: Rome raisonne « déjà » à l’échelle « monde » et non à l’échelle des cités…C’était déjà le début du « mondialisme » planifié depuis plus de deux millénaires…par les « illuminati« …

Dès la fin du IIème siècle av.-J.C. et surtout au Ier siècles, les sociétés minières romaines investissent les secteurs miniers, telle la societas des mines d’argent du sud-Aveyron et du nord-Hérault. Des domaines miniers sont concédés à des particuliers – les cuivres « livien » ou « sallustien » – ou aux cités. Ainsi, les Ségusiaves exploitent des mines de plomb, sans doute dans les Cévennes et en commercialisent le métal sous forme de lingots marqués à leur nom. Narbonne a pu bénéficier des revenus de ferrariae du voisinage, qu’au IIème siècle ap. – J.C., un notable de la cité, T. Iulius Fadianus, avait pris à ferme. Enfin, la cité des Eduens aurait contrôlé les mines de fer du district Morvan-Auxois. Par ailleurs, au début du IIIème ap.-J.C., une partie des revenus des ferrariae revenait au Conseil des Gaules, par l’intermédiaire d’une institution, l’arca ferrariarum…

L’organisation romaine: un bulldozer. Que reste-t-il de l’organisation gauloise de la production des métaux? Au temps de l’indépendance, les Pétrocores, les Bituriges, les Tarbelli, les Gabales, les Rutènes devaient exploiter pour leur compte les mines métalliques qui, selon Diodore et Strabon, se trouvaient sur leur territoire respectif, et la gestion de ces dernières reposait sans doute entre les mains soit des magistrats désignés à cet effet, soit des hauts personnages de la cité. La conquête romaine a bien sûr changé tout cela: les mines ont échappé aux cités, sauf concession formelle à telle ou telle d’entre elles et elles ont été gérées à la romaine. De l’organisation gauloise, il ne reste rien, sinon le souvenir qui en transparaît, peut-être, dans certains noms d’agglomérations ou de magistratures, fantômes sans vie, dont on voudrait évoquer maintenant l’ancienne réalité.

Cela suppose d’abord que l’on admette une hypothèse, selon laquelle, en Gaule, dès une époque pré-romaine ancienne, arganton désignait l’or et non l’argent. Dans cette hypothèse, la langue gauloise semblerait ne pas avoir eu de mot spécifique pour désigner l’argent, ce qui s’accorderait avec le manque d’intérêt des Gaulois pour ce métal. On identifie d’autre part pour le moins deux séries de toponymes celtiques: ceux en –rate et ceux en –magos. Parmi les premiers, se rangent divers Argantorate (étymologiquement « le fort de l’or ») connus en France: Argantorate-Strasbourg (Bas-Rhin) et deux autres Argantorate attestés sous le nom d’Argentré, l’un en Ille-et-Vilaine, l’autre en Mayenne. Or, tous ces Argantorate se trouvent dans des zones d’orpaillage reconnues. Cette appellation a donné un autre toponyme, Argantovaria (« le peuple d’or »), situé en amont de Strasbourg. Dans ces régions, les Gaulois exploitaient traditionnellement l’or et non l’argent.

Dans la série des toponymes en -magos (grands, marchés) se trouvent d’abord des Argantomagos-Argenton (ou Argentan), qui paraissent liés à des zones de production d’or filonien, celle du Limousin pour Argenton-sur-Creuse, celles de la Mayenne et du filon des Miaules pour Argentan (Orne) et Argenton-d’Allonnes (Maine-et-Loire). L’idée essentielle serait que ces « plaines-marchés de l’or » (sens précis d’Argantomagos) assuraient le débouché de ces produits symétriquement au rôle joué par les « forts de l’or » (-rate, comme dans Argantorate) dans les zones d’orpaillage. Appartient à la même série le toponyme Cassinomagos-Chassenon (Charente), qui serait donc le « marché-débouché de l’étain, à partir de cass-/cassino- désignant l’étain.

S’agissant plus spécialement de l’or, il s’ensuit que nous pouvons reconstituer une double série de réseaux par lesquels la future Gallia aurifera s’est fait connaître de ses voisins en les alimentant en or d’origine filonienne ou alluviale. Dans la première catégorie figurent les Argantomagos-Argenton (ou Argentan), dans la seconde les Argentorate-Argentré. L’ensemble du territoire de la Gaule était en quelque sorte doublement structuré: par les cinq grands fleuves, dont certains riches en or, providentiellement distribués, mais aussi par l’articulation heureuse des massifs producteurs d’or et des plaines propices au marché (magos). Il en était de même en Gaule-Belgique avec la Meuse, l’Ourthe, l’Amblève, la Vesdre…A cette double structuration se surimposa celle des limites de peuples: elles correspondent souvent à des cours d’eau, tandis que des plaines-marchés, zones de contacts et d’échanges, jalonnent ces frontières. L’exemple le plus caractéristique est, évidemment, celui d’Argenton-sur-Creuse, site dans lequel il est extrêmement tentant de voir un des principaux débouchés de l’or des Lémovices.

On est, ainsi, conduit à envisager la « greffe » de bon nombre de ces productions locales et régionales – parallèlement à celles de l’étain – sur le fameux circuit international des métaux précieux. Celui-ci prenait naissance en Cornouaille, pour aboutir à la Méditerranée, par la Seine, la Loire ou la Garonne (sans oublier la Meuse, la Moselle…dans l’est). Ainsi pourraient s’expliquer le cas d’Argentan et de la vallée de l’Orne (Or-ne) en direction de la Manche et de l’estuaire de la Seine, celui d’Argenton-sur-Creuse et du tracé de la rivière éponyme jusqu’à la Loire; celui, enfin, de l’Argenton du Maine-et-Loire, qui se jette dans un affluent de rive gauche de la Loire, comme de l’Argenton d’Allonnes, sur la Sarthe, affluent de la rive droite. Dans la Gaule-Belgique coulent l’Ourthe (Orta donc Or-ta), affluent de la Meuse…Il existe également une commune qui est une section de Visé (frontière Hollandaise vers Mastricht) qui se nomme Argenteau. Il faut, probablement, établir une relation étroite entre certains de ces sites aurifères de l’ouest et le réseau des sanctuaires de Mars Mullo, notamment celui d’Allonnes et, plus encore, celui de Craon, installé en pleine zone métallurgique.

Si l’hypothèse qui est développée ci-dessus est juste, il; faut bien reconnaître que ne subsistent que de rares vestiges de ces réseaux économico-politiques. C’est aussi le cas de certaines magistratures civiques – argantodannat et cassidanat – bien attestée à La Graufesenque (Condate/Millau dans l’Aveyron) sur des comptes de potiers, et, dans le cas de l’argantodannat, sur des monnaies du nord et de l’est de la Gaule. Comme on le pense avec vraisemblance, ces magistratures ont dû correspondre, vers la fin de l’époque gauloise, à des fonctions monétaires et il est plausible qu’à des périodes antérieures, les titulaires de ces magistratures aient eu un pouvoir de contrôle du commerce de l’or et de l’étain. En revanche, à l’époque gallo-romaine, ils semblent n’avoir plus été que des « magistrats techniques » qui ne servaient qu’à attester que les comptes étaient justes…

En conclusion, il serait intéressant, dans ce contexte de continuité, d’examiner quand et comment les nouvelles dénominations latines des métaux ont remplacé les vocables celtiques: ferrum à la place d’isarnon, aurum à la place d’arganton, arrivée d’argentum = argent, stagnum ou plumbum album au lieu de cass- pour l’étain etc. Qu’allons-nous découvrir de nouveau dans les années à venir, en rapport avec les métaux que travaillaient les Celtes? L’archéologie minière et métallurgique est une discipline encore jeune et les espaces sur lesquels elle peut s’exercer sont vastes. En France, en Belgique comme ailleurs, nombre de ces espaces sont totalement inconnus. Que livreront-ils dans les années qui viennent? Peut-être verra-t-on alors la dette de l’art des mines romain envers ses prédécesseurs, spécialement nos Ancêtres les Gaulois/Celtes/Germains, s’alourdir encore…C’est comme l’histoire des fameuses « voies romaines »