L’ARDENNE est d’origine païenne et le redevient…

L’Ardenne forme une région vallonnée qui se situe à cheval sur le début de la Germanie, la Belgique, le Luxembourg et le Nord-Est de la France. C’est un très vieux massif dont les profondes forêts sont parsemées d’anciens mystères et de très nombreuses légendes…Elle est aussi riche si ce n’est pas plus riche que la forêt de Brocéliande (Paimpont)… Ce sont les Celtes qui s’installèrent au VIIIème siècle avant l’ère vulgaire dans ces contrées de l’Europe occidentale. On compte parmi ces Celtes de nombreuses tribus comme les Nerviens, les Trévires, les Rèmes, les Condruzes, les Caeroeses (si), les Eburons, les Pémanes, les Sègnes, les Aduatuques…Leur isolement géographique a souvent permis que perdure, au-delà de la romanisation et de la première phase de christianisation, certaines traditions encore plus anciennes.

Lorsque ces peuples celtes arrivèrent au Ier millénaire avant l’ère vulgaire, ils apportèrent avec eux, en plus de leurs dieux majeurs hérités du panthéon indo-européen, le culte à des déesses dont l’importance est commune à tous les Celtes. Ces déesses étaient elles-mêmes héritières d’un passé très lointain, souvent issues du Néolithique ancien et de la religiosité de ces Ancêtres de la nuit des temps. Les Celtes sont connus pour avoir intégré, dans des proportions assez conséquentes, des éléments de culte des populations européennes antérieures. Ce n’est donc pas par hasard que l’Ardenne tire son nom d’une déesse celte qui se nomme Arduinna L’Ardenne est ainsi la terre de la déesse Arduinna.

Le nom d’Arduinna semble venir du gaulois –arduo, ce qui se traduit par « hauteur », ce qui pourrait faire référence aux hauteurs boisées du massif de l’Ardenne. Mais la racine linguistique arduo semble également reposer sur une autre étymologie qui nous renvoie au mot « Ours, telle qu’on la retrouve dans des noms, eux aussi signifiant « Ours », comme Arthur, Artio, Arctique,…Arduinna serait ainsi à l’origine une déesse-Ourse, c’est pourquoi l’asbl « ARTO-ARDUENNA-ANEXTLA » signifie « L’OURS(E) de l’ARDENNE PROTECTRICE ». L’ourse est dans toutes les traditions païennes une figuration de la Terre-Mère, la grande Déesse nourricière, celle qui s’endort durant les mois d’hiver…

Quoiqu’il en soit, Arduinna est l’aspect sauvage et originel de la Grande Déesse, la Terre dans son jeune âge, la Terre encore inviolée et vierge. C’est aussi Brigantia la déesse des sources et des fontaines, Diane la chasseresse qui représente les trois fleuves (Meuse, Escaut, Rhin) ce qui la fait appeler Hithye, c’est-à-dire Déesse du Hélion. A son culte sont intimement liées toutes les richesses des forêts ardennaises, richesses composées de ses animaux sauvages, de ses sources et de ses arbres. Arduinna-Brigantia est la Déesse de la faune et de la flore qui veille à la fertilité et fécondité de tout ce qui croît dans ses bois magiques. Elle protège et assure toute l’abondance naturelle qui donne vie aux forêts, à ses animaux, ses baies, ses légumes sauvages, ses sources sacrées, ses plantes médicinales et ses arbres majestueux. Un des lieux de culte connus d’Arduinna fut le Mont Saint-Walfroy, où jadis se trouvait un temple païen dédié à la Déesse. Les chrétiens, fidèles à leur vile habitude criminuelle, détruisirent le temple de la Déesse pour y construire à sa place un ermitage dédié au dieu unique importé d’Israël. Mais, malgré tout, l’esprit de la Déesse continue de vivre en ces lieux mystiques et magiques, et toutes les tentatives chrétiennes de détourner les gens de cette réalité, n’y changeront rien. Avant cette christianisation forcée, il y eut la phase gallo-romaine, pendant laquelle Arduinna fut assimilée à Diane, la déesse vierge de la chasse et de la nature sauvage, une assimilation qui respecta le profil et l’identité de la Déesse celtique Arduinna.

Ainsi, si vous avez la chance de vous promener dans les belles forêts de l’Ardenne, comme le fait souvent Tugal en compagnie de Ken son petit chien, souvenez-vous qu’elles ne furent pas seulement le théâtre de luttes héroïques durant la deuxième guerre mondiale, mais qu’elles furent aussi le lieu de résidence d’une Déesse majeure de nos Ancêtres celtes, la belle Arduinna-Brigantia…Mais, si vous êtes très purs, remplis de force, d’amour-compassion et de sagesse-conscience, il y a de très grandes chances qu’elle se présente à vous, au lever du soleil, lors de l’une de vos nombreuses promenades dans les forêts de l’Ardenne….

Souria (dans l’A-vesta Iranien) est un titre qui indique la souveraineté. Il nous reste à chercher la signification du nom d’Anaïta…Liège, dont le nom ancien est Lüttich, a été appelée la Ville Ardente où brille Lugh. Ce surnom semble indiquer qu’elle fut le berceau d’Arduinna. De Lüttich on en a fait, Lutèce Laon, Lyon…

On sait que Diane était adorée à Bibracte ou Bibrax, dont elle était la Grande Déesse. Bibrax était située entre la Meuse et l’Aisne, non loin des Médiomatrices…Elle fut représentée par le Soleil d’Abord, et jusqu’au jour où les hommes lui disputèrent sa gloire; alors ils la représenteront par la Lune. Elle représentait tout à la fois la Nature et la pureté féminine, les cycles…

Son animal préféré est le cerf (y compris parfois les cerfs et le sanglier…), mais tous les animaux sauvages sont sous sa protection, des chiens et des sangliers aux lièvres et loutres, même aux abeilles et aux poissons, aux oiseaux. L’arbre qui lui est sacré est le pin…et le chêne. Les Gaulois donnaient souvent à la déesse le titre d’Augusta.

Dans le monde celtique, l’Ours, roi des animaux (avant d’être supplanté par le lion des chrétiens) était l’emblème ou le symbole de la classe guerrière, s’opposant systématiquement au Sanglier qui était le symbole de la classe sacerdotale. Artio signifie Ours en langue gauloise, animal emblématique de la royauté chez les Celtes. On retrouve la même racine dans d’autres langues celtiques: art en ancien irlandais, arth en gallois, arz en breton. C’est de cette racine que provient le nom du roi Arthur.

En Gaule, la déesse Artio, déesse qui semble avoir également été vénérée par le peuple des Helvètes, et à Berne, toujours associée à l’Ours(e), marque symboliquement le caractère féminin de la classe guerrière. On peut noter aussi que les Gallois nomment « cerbyd Arthur », le « char d’Arthur », les constellations à symbolisme polaire de la Grande et de la Petite Ourses.

Autre racine qui veut dire « Ours(e) », le terme germanique de « BER » ou « BÄR ». On retrouvera ce terme dans de nombreuses villes dont les armoiries comporteront un Ours telles que Berlin ou Berne ou Bar en Alsace. C’est proche de Berne, à Muri, que l’on a découvert une statuette gallo-romaine représentant la Déesse Artio face à son Ours(e).

Dans la mythologie germano-scandinave, le premier dieu était Bor et ce nom est à rapprocher de l’allemand Bär ou de l’anglais Bear « Ours » puis, il engendra le dieu Buri (fils de l’ours) le paysan. Les ancêtres des nordiques, Bor et Buri son fils, étaient les héritiers du culte paléolithique de l’Ours(e). En effet, nous avons Bär comme nom de l’ours chez les Nordiques, Boer et Bauer le nom des paysans, et Bayern, la province des Bavarois (qui semble s’en rapprocher), ainsi que le nom de Bouriates (d’autres fils de Bor), donc de lointains cousins vers le Soleil levant. Odhin Berserker signifie Odhin « à la peau d’Ours ». Ces Berserkers, dont nous parle Tacite, sont les membres d’un Ordre guerrier germanique qui était une Chevalerie avant la lettre…chrétienne.

Remarque, au passage, sur l’évolution probable de nos sociétés: Dans les sociétés Cavernicoles, l’Ourse est la Mère Primordiale (par exemple pour la Teuta/tribu gauloise des Matu-génos, qui sont les « fils de l’Ours(e) »; on dit que l’ours est le double de l’homme et le roi des animaux. Ensuite, dans les sociétés de Chasseurs, le Cerf devient le « Père de la Teuta ». Puis, dans les sociétés Agricoles, c’est le Taureau (toujours de 3ème fonction dumézilienne ( Georges DUMEZIL: fonction tripartite); la génisse et la truie représentant la Déesse Mère. Enfin, dans les sociétés Guerrières c’est le Cheval ou la Jument de 2ème fonction, des « envahisseurs » nordiques qui ont fui le raz de marée du XIIIème siècle avant notre ère. Le Corbeau ou l’Aigle symboliseront l’intelligence, la vue claire, la décision « foudroyante », l’attribut du Chef. Le Sanglier représentera la 1ère fonction sacerdotale. Le culte de la déesse Ours ou Ourse a été pratiqué dans une zone que l’on peut qualifier de « rhénane » allant de Berne chez les Helvètes, jusqu’à Trèves chez les Trévires; avec fort probablement un prolongement vers le nord de la Gaule sous le vocable de « Ursa » (Urta—) Ourtha…Ourthe).

En Alsace, c’est à Andlau et à Barr (Bär) que l’on va trouver par analogie le culte d’Artio. Il en sera de même dans la région de Barvaux-sur-Ourthe, de Bende, de Bomal, de Borlon, de Bohon, de Durbuy, de Hamoir, de Hotton…communes wallonnes qui sont arrosées par l’Ourthe (Urta); ici aussi tout est en rapport à l’Ours(e). Pour en revenir à Andlau en Alsace, la légende chrétienne dit qu’un ange apparaît à Sainte Richarde de Souabe (à noter que le mot « Souabe » vient de la tribu celto-germaine des « Suèves »). Cet ange lui demande de faire construire un monastère à l’endroit où une Ourse grattera le sol. C’est effectivement dans le val d’Eléon (ancien nom d’Andlau) que Richarde verra son Ourse. On peut transposer aisément cette légende dans le sens où « là où il y avait déjà un culte à la Déesse Artio, il faudra construire un monastère chrétien ». Ce qui fut fait. Nous sommes en l’an 880. Et en effet, il existait bien avant à cet endroit un lieu dédié à l’Ours(e), donc probablement à Artio. De ce lieu, il ne nous reste que le rocher de la légende (des cavernes aussi comme à Esneux, Xhignesse…le long de l’Ourthe), situé sous une petite trappe en bois dans la crypte de l’abbaye d’Andlau.

Comme chacun sait, l’Ours(e) hiberne comme la Mère Terre et cela correspond au « passage du dehors au dedans, de la vie à la mort » (période de novembre, début de l’hivernation, l’hivernage pour les paysans…). Cela a toujours donné lieu à des rites païens impliquant des déguisements, des danses et des jeux sexuels. Février est associé à la sortie de l’hivernation (hibernation) et les fêtes impliquaient des viols et rapts simulés. Ces festivités étaient particulièrement fréquentes en Ardenne, en Forêts Alsaciennes/Vosges et le Croissant Alpin, régions où étaient vénérées les déesses celtes liées à l’Ours(e), Arduinna et Artio. Une très ancienne légende, probablement issue d’un motif indo-européen, veut que l’Ours(e) expulse les âmes des morts qu’il (elle) porte dans son ventre en émettant un pet à son réveil de l’hibernation et, chevaucher un(e) Ours(e) était censé guérir divers maux. Vous comprenez pourquoi l’Ours(e) protège notre Ligue qui a pour nom « ARTO ARDUENNA ANEXTLA », L’Ours(e) de l’Ardenne Protectrice