Le Loup N° 6: il est temps de résumer.

  1. Utilisé comme symbole de la nature cruelle et sauvage, le Loup est souvent présenté comme l’opposé du chien, qui, lui, est considéré comme utile et fidèle. En fait, le Loup évoqué dans la culture occidentale, depuis le Moyen-Age au moins, est surtout le Loup gris, mais il a que peu de liaisons avec l’animal réel observé à l’époque contemporaine. Autant les Loups sont des animaux sociaux assez craintifs, autant le Loup mythique est un animal aussi solitaire qu’agressif. Son hurlement est aussi très souvent utilisé pour évoquer la peur. Les Loups sont souvent présents aussi dans les oeuvres comme personnages de fiction et dans les contes populaires.
  2. En Europe, les premières interactions confirmées entre le Loup et l’homme datent du Paléolithique. Plus tard, des Loups seront domestiqués pour donner naissance au chien actuel, sans que le premier ne disparaisse de l’imaginaire des hommes. Dans cette époque, les hommes gravaient des Loups sur les parois des cavernes (mais rarement).
  3. Le Loup est le symbole de la puissance de la Nature, qui tantôt protège, tantôt détruit, une sorte de roi de la faune européenne; il est également l’unique prédateur organisé, capable de concurrencer l’homme dans l’environnement européen.
  4. Dans l’imagerie du Moyen-Age européen, les sorciers se transforment le plus souvent en Loup pour se rendre au Sabbat, tandis que les sorcières, dans les mêmes occasions, portent des jarretelles en peau de Loup.
  5. La croyance aux lycanthropes ou loup-garou est attestée depuis l’Antiquité en Europe. C’est une des composantes des croyances européennes, un des aspects, sans doute, que revêtent les esprits des forêts.
  6. La mythologie scandinave présente spécifiquement le Loup comme un dévorateur d’astres.
  7. Le Loup était un symbole pour les Celtes. Lugh, dieu suprême de la mythologie celtique, est représenté accompagné de deux Loups, ce qui s’explique probablement par la ressemblance indo-européenne entre leuks « lumière », qui est certainement la base du nom de Lugh, et lukwos (ou wlkwos) qui signifie ‘Loup ».
  8. Le Loup était le symbole des guerriers gaulois; certains soldats gaulois allaient même jusqu’à recouvrir leur casque d’une tête de Loup, après avoir mangé leur coeur en rituel et tout cela dans le but de s’attribuer les qualités du Loup. Le chien a peu à peu remplacé ce dernier dans le culte celtique.
  9. Dans l’ancienne Germanie, comme chez les Gaulois, les guerriers se nourrissaient de Loups pour acquérir ses qualités que sont la force, la rapidité et l’endurance. Ce rituel permettait de donner du courage aux combattants en les plaçant sous la protection des Loups.
  10. Dans la tradition étrusque, les éléments et monuments funéraires sont ornés d’une forme humaine à tête de Loup. on peut souvent voir des mains crochues saisissant un corps humain. Cet être hybride ne serait que l’ancêtre Loup des Etrusques. Les Etrusques, comme d’autres peuples d’Europe et d’Anatolie, prétendaient descendre des Loups.
  11. Dans la mythologie romaine, il était également le symbole de Mars, dieu de la guerre. Chez les Sabins, peuple qui a fortement influencé la culture romaine, Mars était un dieu-loup, ce qui a joué un rôle dans l’adoption du Loup comme animal emblématique de Rome.
  12. La Louve était et est toujours l’emblème de Rome, symbole de fécondité et de protection. Les jumeaux Remus et Romulus, abandonnés au bord du Tibre, ont été recueillis, nourris et élevés par une Louve; celle-ci devient donc l’emblème de la ville et sera par la suite vénérée par tous les citoyens de l’Empire. Le Loup est à la fois le symbole du père Mars et de la mère nourricière du premier roi de la Rome.
  13. Les Daces se nommaient « les loups » ou « ceux qui sont semblables aux loups ». Ils se considéraient descendants des Loups comme les Etrusques. Le dieu Loup est celui qui guide l’âme des morts vers l’autre monde.
  14. Le Loup fascinait les peuples slaves, comme en témoignent de nombreux contes anciens. Les Slaves sont issus des peuples germaniques et baltes. On lui prêtait la faculté de se métamorphoser selon les circonstances et il jouait ainsi un rôle d’initiateur.
  15. Chez les Hébreux, les Loups étaient une manifestation concrète de la toute-puissance divine. Selon les textes bibliques, Dieu aurait créé les fauves qui peuplaient la Terre dans le but de punir les hommes qui seraient coupables d’impiété (?!?!?!).
  16. Animal à la fois négatif et positif, médiateur en rapport direct avec l’au-delà, le Loup a été aussi l’incarnation de la lumière en Chine, en Europe du Nord et en Grèce.
  17. Symbole de la fonction guerrière chez les Indiens et les Indo-Européens, mais aussi promoteur céleste de chefs, de dynasties et de peuples en Asie centrale, le Loup a eu pour tâche de veiller sur la Création, à son « bon entretien » et, finalement, à son inévitable destruction lorsqu’elle devient caduque, contribuant ainsi à sa régénération périodique.
  18. Le créateur des dynasties chinoise et mongole est le Loup bleu céleste. Sa force et son ardeur au combat en font une allégorie que les peuples turcs perpétueront jusque dans l’histoire contemporaine.
  19. Les peuples de la Prairie nord-américaine semblent avoir interprété de la même façon la signification symbolique de cet animal; « je suis loup solitaire, je rôde en maints pays », dit un chant de guerre des Indiens de la Prairie.
  20. La Chine connaît également un loup céleste (l’étoile Sirius) qui est le gardien du Palais Céleste (la Grande Ourse), comme terme d’une constellation céleste. Ce caractère polaire se retrouve dans l’attribution du Loup au Nord. On remarque toutefois que ce rôle de gardien fait place à l’aspect féroce de l’animal: ainsi, dans certaines régions du Japon, l’invoque-t-on comme protecteur contre les autres animaux sauvages.
  21. Le Loup a été perçu comme une créature démoniaque par le christianisme (inversons les rôles…), qui a fait de cet animal-lumière le symbole de la débauche, de la méchanceté et de la force hostile à la foi du croyant.
  22. Porteur de force et de mystère, le Loup est un animal de pouvoir. Une complexité ambiguë le relie à l’homme qui, tout en le redoutant, l’observe avec émerveillement. Le symbolisme du Loup est très riche: il représente la loyauté et la fidélité, car il vit en meute et il reste fidèle à sa compagne toute sa vie.

Il est intéressant de porter une discussion sur le sens du mot loup, tel qu’il apparaît dans des locutions et des expressions figées, mais aussi en onomastique (branche de la lexicologie qui étudie l’origine des noms propres). Le Petit Robert explique le mot loup comme « mammifère carnivore vivant à l’état sauvage en Scandinavie, en Asie occidentale et au Canada, et qui ne diffère d’un grand chien que par son museau pointu, ses oreilles toujours droites et sa queue touffue pendante ».

Du point de vue étymologique, on le considère comme provenant d’une racine indo-européenne wluk o « loup », les variantes lukwos, en grec lukos, en latin lupus, en Allemagne wolf. Au grec lukos se rattache lukeion, lieu-dit, lukiskos, dérivés de lukos, utilisés en grec comme nom propre d’homme et en bas latin sous la forme lyciscus; à « chien-loup », lukanthrôpia « maladie consistant à se croire changé en loup » et lukantrôpos « personnes atteintes de cette maladie ». Au latin , lupus forme sabine introduite dans le parler de Rome, se rattachent le féminin lupa « louve » et « prostituée », d’où lupanar « maison de prostitution », lupinus « herbe aux loups », le latin moderne lupulus « houblon »; dès l’Antiquité, lupus désignait également un poisson de la Méditerranée particulièrement vorace; dès le Xème siècle, il est attesté en latin médiéval avec le sens d' »ulcère », « mal qui dévore comme un loup ».

Dans la botanique, on rencontre beaucoup d’espèces de plantes qui englobent le nom loup. En zoologie, en architecture, en politique, comme terme historique, militaire, comme terme de pêche, en médecine, dans la pathologie, en construction, en métallurgie, en technologie, dans l’industrie textile, comme terme de jeux, comme terme argotique, par métaphore ‘en général à propos de personnes, parfois à propos de choses), en s’adressant à une personne, dans la croyance populaire, en tant que racine de noms de communes, de lieux-dits, de cours d’eau…il en est de même.

Le mot loup forme aussi des locutions diverses, extrême richesse en locutions, ce qui correspond à la place très importante du Loup dans les folklores d’Europe et à la valeur symbolique de cet animal. On peut aussi remarquer qu’en toponymie et anthroponymie, il est aussi assez productif.